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Les Clés du classique #20 - La Symphonie « Italienne » de Mendelssohn

Publié le 16 mars 2022 — par Charlotte Landru-Chandès

Achevée en 1833 et créée la même année à Londres, la Quatrième Symphonie  illustre le réjouissant voyage de Mendelssohn en Italie. C'est son œuvre la plus joyeuse.

La série Les Clés du classique nous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits de la Symphonie « Italienne » de Felix Mendelssohn sont interprétés par le Chamber Orchestra of Europe, sous la direction de James Conlon. Ce concert a été enregistré à la Cité de la musique, le mercredi 25 novembre 2009.

Retrouvez l'intégralité du concert sur Philharmonie à la demande.


Felix Mendelssohn : la Symphonie «  Italienne   »

Aujourd’hui, tout le monde a entendu au moins un extrait de la Symphonie « Italienne » de Mendelssohn, la plus populaire de son auteur. C’est une brillante réussite, « le chef-d’œuvre symphonique qu’attendait l’Europe, en deuil de Beethoven », constate la musicologue Brigitte François-Sappey. Difficile donc, de croire qu’elle était en fait peu aimée de son auteur.

Comme la plupart des compositeurs, Mendelssohn est un surdoué. Il écrit quasiment toutes ses symphonies pour grand orchestre avant l’âge de 30 ans. Et en plus des cinq que nous connaissons, il est aussi l’auteur de douze autres symphonies pour cordes, composées entre 12 et 15 ans.

À l’âge de 20 ans, en 1829, Mendelssohn part sillonner les routes de l’Europe et donne des concerts un peu partout : en Angleterre, en Écosse – pays qui lui inspire sa Troisième Symphonie, qu’il délaissera et reprendra treize années plus tard. Durant ses pérégrinations, Mendelssohn se rend aussi en Italie. C’est en 1830, lors d’un voyage à Rome, qu’il jette sur le papier les premières notes de sa Quatrième Symphonie, d’où son surnom d’Italienne.
Ce séjour plonge le compositeur dans un état d’esprit agréable ; voici ce qu’il en dit : « La musique, je ne l’ai pas trouvée dans l’art lui-même, mais dans les ruines, les paysages, la gaieté de la nature. »

À Rome, Mendelssohn croise le compositeur Hector Berlioz, qui est alors pensionnaire de la Villa Médicis. Ce dernier est séduit par le jeune musicien. Et les qualificatifs de manquent pas ! « J’ai vu Mendelssohn, dit-il, ah mon Dieu, quel talent ! C’est inouï… superbe, grand, délicat, gracieux, sensible, violent, rapide, fort, doux, profond. » Bientôt, Berlioz écrira lui aussi une œuvre teintée aux couleurs de l’Italie, Harold en Italie, dont la Marche des pèlerins rappelle un peu le deuxième mouvement de la Quatrième Symphonie de Mendelssohn…

La Symphonie « Italienne » est achevée en 1833, puis créée le 13 mai de la même année à la Société Philharmonique de Londres. Fidèle au schéma beethovénien, elle se découpe en quatre mouvements. Si la couleur de la majeur et l’ambiance générale peuvent faire écho au voyage de Mendelssohn, c’est surtout dans les premier et dernier mouvements qu’on perçoit le plus l’italianité de l'œuvre.

La symphonie s’ouvre par un Allegro vivace, c'est-à-dire un mouvement de caractère vif, écrit ici dans la tonalité solaire de la majeur. Le climat est joyeux, festif. Dans le deuxième mouvement, changement d’ambiance. La tonalité de mineur, plus sombre, laisse planer un voile mélancolique sur la partition. Le thème, énoncé au hautbois, au basson et à l’alto, reprendrait un chant de pèlerinage bohémien. Vient ensuite le scherzo, mouvement à trois temps assez rapide, héritier du menuet. Nous retrouvons ici la tonalité de la majeur et le caractère enjoué du début. Grand contraste dans le Finale : la symphonie s’achève par un Presto en la mineur, bondissant et tourbillonnant, qui adopte la forme d’un saltarello, danse endiablée d’origine italienne.

Mendelssohn écrit à sa sœur Fanny : « la Symphonie fait des progrès rapides ; ce sera la pièce la plus joyeuse que je n’aie jamais composée, particulièrement dans son dernier mouvement. » Si la création à Londres en 1833 est un triomphe, Mendelssohn, extrêmement exigeant, retravaillera sa symphonie juste après. Peu satisfait, il refusera de la publier, tout comme sa Cinquième Symphonie qui, elle, ne fera pas l’unanimité auprès du public.

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris.