Unique opéra de Bartók, Le Château de Barbe-Bleue est une œuvre puissante, un drame existentiel où le sentiment amoureux est mis à nu dans une forme ramassée et sublimée par une orchestration sans cesse renouvelée.

Organisée en sept moments, qui correspondent à chacune des portes du château que Judith, la dernière femme de Barbe-Bleue, fait ouvrir à son mari, la partition ménage un écrin orchestral aux sonorités merveilleusement inventives pour le face-à-face des deux protagonistes. Leurs voix sont traitées dans un parlando proche du contemporain Pelléas de Debussy, qui s’appuie sur la musicalité de la langue hongroise, et dessinent une métaphore de la solitude et de la difficulté du rapport amoureux dans une suite de monologues qui ne se joignent jamais en duo. Matthias Goerne reprend un rôle dans lequel il excelle, et il est rejoint par Asmik Grigorian, dont la présence scénique est toujours saisissante. C’est à Mikko Franck qu’il revient de guider son Orchestre philharmonique de Radio France dans les frémissements et bouillonnements de la partition.